Depuis quelques jours, la toile d’Afrique francophone, pour les fans de musique, est secouée par l’affaire des pourcentages de répartition des droits d’auteur à la Sacem (société française des auteurs compositeurs et éditeurs de musique), pour le titre Coup du Marteau, l’envahissant tube qui a fait bouger la planète autour de la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, et qui compte 126 millions de vues YouTube et une certification single or SNEP en France. Tam Sir, producteur de musique et beatmaker abidjanais d’origines Camerounaise et Sénégalaise, avait invité la Team Paiya, le chanteur Ste Milano, ainsi que Renard Barakissa, Taze Boy, et PSK, à la mise en œuvre de cet hymne de la fête, le paiya comme on dit à Babi.
Le froid
Peu après la CAN, le public avait commencé à questionner la distance qui se faisait ressentir sur la toile entre Tam Sir et le reste de la bande. Courant 2024, la Team Paiya et Ste Milano avaient par exemple donné des concerts très courus au Casino de Paris, à l’espace Laguna à Abidjan, et au Palais de la culture. Tam Sir était absent à ces représentations. « Il nous a fait savoir qu’il était malade » avait expliqué Zagba Le Requin, le leader de la team paiya, sur le plateau de La Télé d’Ici sur NCI en Août, pour justifier l’absence de Tamsir. Depuis, aucun rapprochement entre les deux parties n’a été vue.
Le partage à problèmes?
Ce qui se cachait sans doute depuis des mois a fini par éclater, lorsque mi-janvier 2025, une capture d’écran montrant une répartition en pourcentage de ce que gagne chaque artiste impliqué dans le titre Coup du Marteau, a été publiée. Cette information chiffrée n’est pas accessible au public. Ce qui est donné à monsieur tout le monde de voir, c’est les informations de chaque auteur et/ou compositeur, avec les codes IPI attribués à chacun. La capture les pourcentages n’a pu être alors être partagée que par un des concernés du projet, ayant accès à un bulletin de déclaration de la sacem. Selon la fiche publique d’informations de l’œuvre sur le site de la sacem, les ayants droits sont :
Elvis Kemayo, compositeur: l’artiste camerounais avait déjà été célébré par Tam Sir après la sortie du morceau, pour lequel il avait contacté cette légende pendant la création. Un extrait du titre « Africa Music Non Stop » d’Elvis Kemayo, un classique de 1984 déjà utilisé par Douk Saga, a été repris par Tam Sir dans Coup du Marteau.
Cisum est éditeur: il s’agit d’une société d’édition créée par Tam Sir pour représenter ses créations musicales, quel que soit le projet. En effet, sur une chanson par exemple, un beatmaker a le droit d’avoir son éditeur, différent de celui du chanteur. Et comme Tam Sir est prolifique, c’est une bonne affaire. « C’est un travailleur » nous avait confié Didi B à son sujet.
Tamsir est compositeur, et aussi auteur évidemment.
Les autres co-auteurs sont: Willy du groupe Bénédiction (Ossohou Wilfried Privat), Renard Barakissa (Renato Gohy), Doupi Papillon (Abdul Aziz Cisse), Jean Djoua, Ange Samian (Kommander Samo Samo), Isral Ndri, Ste Milano (Zadi Yao Eliel Jackim), Zagba Le Requin (Dokoui Oskane), Momo (Mohammed Hayek). Le nom de Touma Lewe (Oussou Lionel Christ Fabien), le plus jeune de la Team Paiya, n’y figure pas.
D’après la capture du bulletin de répartition en pourcentages que nous avons mentionné plus haut et qui circule sur la toile, Tam Sir et sa maison d’édition empocheraient les 87% des revenus, et tous les autres, 13%. Cette répartition, si elle est vraie, est-elle faite par le sacem ou l’auteur principal ? « Par l’auteur principal, ou son éditeur, qui arrange tout et déclare à la société de gestion collective» réagit sur Facebook le chanteur Molare, icône du Coupé Décalé, prenant comme exemple le titre On Est Ensemble sur lequel Mokobe l’avait invité en 2005, dans l’album 113 degrés du groupe 113 : « Il m’avait donné 64% des droits sur le morceau ».
La colère de la Team Paiya
Invités sur le plateau de l’émission YviDero Show sur NCI, Zagba Le Requin et Kommander Samo se montrent indignés : « Clairement, il n’y a jamais eu de rencontre pour discuter du partage des droits. Moi, je pensais qu’un jour, on allait se réunir pour en parler, mais il n’y a jamais eu d’appel pour me dire : “Zagba, retrouvons-nous pour discuter et partager.” Zagba le Requin explique que c’est en séjour à Paris qu’il a pu consulter des informations à la SACEM pour comprendre la réalité. Il dit également que Tam Sir avait envoyé des agents vers chacun des membres avec des documents spécifiques pour signature rapide. En gros, ils ont signé sans lire. Pour Kammander Samo Samo, « Tam Sir a mal agi ». Nombreux sont les internautes en Côte d’Ivoire et au-delà, qui se demandent comment Tamsir aurait pu s’arroger autant d’avantages sans que les autres ne s’en rendent compte. L’intéressé, lui, a choisi pour l’instant l’arme du silence.