L’annonce a été faite par la chanteuse le 13 Mai 2021 à Douala lors de la conférence de presse de présentation de CD, son cinquième album studio. Charlotte Dipanda à travers sa fondation ouvrira un lycée à Ebonè, un village situé dans le département du Moungo, région du Littoral.

Répondant à une question d’Adrienne Nobodem, Rédactrice en Chef de Dash Tv sur son engagement féministe, l’artiste camerounaise a pris quelques minutes pour se livrer sur son combat au service de la femme et de la fille, avec une réalisation louable :

« J’ai créé une fondation en 2018 quand je suis venue pour les 10 ans de carrière. Ça me tenait à cœur de lancer cette initiative. A chaque fois que je parle de ma grand-mère dans mes chansons, c’est une façon pour moi de magnifier les qualités, la place, le rôle de la femme. Ma grand-mère c’est vraiment la femme qui a principalement joué le rôle maternel dans ma vie. A travers la fondation je me suis engagée à m’occuper des jeunes filles. C’est une fondation qui est toute jeune, qui va avoir à son actif le premier lycée qu’on a construit à Ebonè, et qui sera inauguré à la rentrée prochaine en Septembre 2021. C’est un établissement qui va vraiment s’occuper de l’éducation de la jeune fille. Parce que ça fait 20 ans que je suis partie du Cameroun, 21 ans bientôt. A chaque fois je reviens et je me rends quand même compte qu’il n’y a pas de relais. Moi quand j’étais adolescente, on avait des modèles de femmes qui nous donnaient envie de nous projeter. Aujourd’hui, c’est devenu presque mythique, rare. On a des femmes qui se battent certes, mais il n’y en a pas assez à mon goût. Moi je pense qu’il faut aller à l’origine. Prendre des gamines qui vont rentrer en 6ème, et leur inculquer notre vision du rôle de la femme dans la société, je pense que c’est là qu’il faut le faire, maintenant. Nous on a loupé un épisode, on essaye tant bien que mal de partager cette vision là mais c’est difficile quand l’environnement normalise le fait qu’une jeune fille se dise que pour elle réussir sa vie c’est rencontrer un homme demain qui va l’épouser et tout faire pour elle. Notre société considère que c’est ça réussir sa vie en tant que femme. Pourtant on a tant de choses à dire. Si on avait un peu plus de responsabilités, je pense qu’on vivrait mieux ensemble. On porte les foyers, mais on fait plus que ça. Même dans les entreprises, je vois des femmes plus sérieuses, plus rigoureuses. C’est pour ça que je pense qu’il faut éduquer la jeune fille depuis le bas âge. Moi j’aimerais que chacun de vous arrive à Ebonè et raconte son expérience à ces jeunes filles, c’est ça finalement avoir des modèles. Parce que souvent, ceux qui font beaucoup de bruit, ne sont pas ceux qu’il faut, et celles qui travaillent sont tellement absorbées dans leur boulot, qu’elles sont méconnues. »

Ebonè est un village situé dans le département du Moungo région du Littoral, entre Manjo et Nkongsamba. C’est là qu’est née sa grand-mère de regrettée mémoire, Mispa. Celle qui a inspiré le nom du premier album de Charlotte Dipanda paru en 2009.

Sorti le 26 Février 2021, l’album éponyme CD, porte une coloration autobiographique. Cet opus de 10 titres chantés en français, Duala et Bakaka, parle des sujets très personnels, mais qui concernent tout le monde. L’album a été travaillé avec des musiciens renommés comme le célèbre guitariste Olivier Tshimanga, et surtout le toujours présent Guy Nsangué, qui collabore comme arrangeur avec Charlotte depuis le début de la carrière de cette dernière. Le seul featuring de l’album c’est le titre Cœur En Cage avec Singuila, avec qui Charlotte a confié ne partager rien de plus qu’un « feeling professionnel et une amitié naturels ». CD propose à la fois des titres dansants comme Quand Tu N’es Pas Là, et des ballades comme Nos Cahiers – qui d’ailleurs est repris du 4ème album Un Jour Dans Ma Vie, mais aussi des morceaux comme Bayam Sellam qui traduit une volonté assumée de l’artiste, de militer aux côtés des femmes. Ci-dessous le clip du titre L’Ombre D’une Autre.