Maître incontesté de la Kora, cette mythique harpe ouest-africaine, Toumani Diabate a grandement contribué à porter cet instrument à une audience universelle. Dès son premier album « Kaira » sorti en 1988, le ton était donné. Depuis, il a fait voyager la Kora et sa musicalité sur les plus grandes scènes du monde, et collaboré sur nombre de projets avec des artistes aux univers variés, du bluesman Taj Mahal, de la productrice et DJ Björk, à ses compatriotes Ballake Sissoko et le virtuose de regrettée mémoire Ali Farka Touré. En 2005, son album commun avec ce dernier, « In The Heart Of The Moon », avait d’ailleurs gagné un Grammy Award.
De même, à travers une carrière solo plus que riche sur les 35 dernières années, il a continué à repousser les limites de la Kora pour influencer le monde grâce à des techniques novatrices. Son album « Boulevard de l’Indépendance » sorti en 2006 avec son ensemble, le Symmetric Orchestra, traduit amplement la dualité d’un artiste à la fois traditionaliste et contemporain, amenant la Kora à faire toutes les sonorités qu’il souhaite. La musique pour lui, rattachée avant tout à la culture de son peuple, était toujours essentielle. En 2016, il avait créé le festival « Acoustic » de Bamako pour relancer la musique traditionnelle malienne, interdite lors de l’occupation des djihadistes.
Pour le jeune public, Toumani Diabate est surtout le père de Sidiki Diabate, la superstar et l’un de ses nombreux enfants, dans une famille de griots où la Kora se transmet de génération en génération. Entre leurs mains, la Kora est Fine, cristalline, pétillante. Ils ont d’ailleurs fait un album ensemble, « Toumani & Sidiki » en 2014, pour imprimer un héritage en stéréo. Toumani Diabate avait seulement 58 ans quand il a quitté ce monde ce 19 Juillet 2024 dans un hôpital à Bamako, des suites de longue maladie.