FOUDA ETOUNDI Cyrille n’est pas un petit. Ne vous fiez pas à ses 22 ans même pas encore révolus. Dès le premier projet, le transfuge de Nuevo Mundo Africa a montré de l’ambition, comme un aigle après son Eclosion . Et comme pour remercier ceux qui le suivent de puis lors, Akiba son premier album transpirait de gratitude à l’égard du chaleureux accueil qu’il a reçu en arrivant dans la musique. Un art qu’il s’est promis d’aimer pour l’ Eternité. Le désormais sociétaire d’Universal Music Africa a sorti cette nuit son premier opus sous la major, Illusions, un EP de 7 titres. 7 pièces de merveilles taillées dans la douceur, qui inspirent des centaines de commentaires élogieux sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. Et ce n’est pas une hype passagère. Autant de passion et de gémissements assumés par ses fans habitués et nouveaux, traduisent une chose : Cysoul a produit un travail de qualité. Que tu aies déjà écouté l’EP ou pas, ce texte va t’amener à y prêter une oreille différente.
Musique camerounaise, Romance naïve.
Dans ce projet composé avec Issa Abdoul Rahaman – vous entendrez sa signature « King Elby On The Track » très souvent, Cysoul est plus camerounais que jamais. Son RnB/Soul Afro sert un ADN très camerounais, nourri depuis ses débuts. Tant dans la musique, le chant que dans les textes, entièrement écrits par ce brillant auteur.
Le titre Charlene dont le clip est déjà disponible , s’ouvre sur une belle performance technique, des onomatopées enveloppées dans une vibe rnb des années 80. De l’époque où Lionel Richie les faisait mouiller toutes. Et une fois de plus le chant en Ewondo dans les couplets et le refrain donnent le frisson. Cysoul réussit à donner à cette langue maternelle du Cameroun la poésie que Gaz Mawete et les congolais donnent au Lingala. C’est mon deuxième coup de cœur de l’EP.
Sur le titre Je sais, on nage dans la rivière d’une profonde déclaration d’un amour à la fois sincère et naïve, qui ne peut être exprimé que par un cœur optimiste qui n’a pas encore été transpercé par mille et une déceptions. Il y a un son, comme sorte de distorsion de la basse qui tourne en boucle durant tout le morceau, qui donne le sentiment à l’écoute, qu’on est dans un écrin à destination de l’insouciance. Le piano omniprésent rajoute au message quelques lingots de romance, qui permettront à quelques membres du syndicat de la drague, de décrocher quelques lunes à la Saint Valentin. Retenez votre souffle à 3 : 23. Une surprenante récompense vous attend …
Ma Route mène droit à Nkozoa ou à Nkol’Afamba, au terroir du Makune (un peu) et du Bikutsi (beaucoup plus), dans l’ambiance soft qui guide son style depuis le début de sa carrière. Avec un solo de guitare de Ben Mambou qui mérite au moins un manoir en bordure de mer à Limbe ou Kribi. Attention, cette chanson a la beauté du diable. La beauté de la femme d’autrui, qu’il est interdit de séduire. Car vous risquez de “caler”. Ce n’est donc pas un hasard si je l’ai mis en repeat plus de 5 fois en écrivant ce billet. C’est mon plus gros coup de cœur du projet.
Son A Muto! On retourne dans la romance sawa, avec une spanish guitar qui fait l’amour à un smooth makossa, sous la voix de Cysoul qui pose en Duala pour dire aurevoir à un amour devenu toxique.
Monsieur le timide sonne encore la cloche de l’Essewe qui donne aussi envie de danser le Makune sur le titre Je T’aimais, qui décrit à l’imparfait un amour parfait. Ce genre d’amour qu’on craint de déclarer à l’autre, tellement il est intense. Le genre d’amour qu’on exprime que trop tard.
Le dernier titre de l’album, Issieh est exécuté comme le récit d’un griot de la forêt du sud Cameroun. On ne peut s’empêcher de penser dans le kongossa, qu’il a bu le vin de palme et chassé le gibier la veille avec la légende Donny Elwood, le beau négro dont le swing de guitare et le style narratif se rapprochent de ce qui est offert dans cette magnifique chanson. Excellent hommage d’un chansonnier à un autre. C’est mon quatrième coup de cœur de l’EP.
Mais déjà dès le premier morceau, Mouto, qui est mon troisième coup de cœur de ce mini album, on embarque dans une belle ballade sur fond essewe, entre un français succulent, un ewondo chanté comme dans son Mbalmayo natal, transporté en première classe par une ligne de basse pour laquelle Ben Bossambo mérite un casier de Champagne du pays. Il y a tout de même un grésillement perceptible en fond, tout au long de la chanson. Effet voulu ou erreur technique? Le titre est surtout riche d’expressions qui donnent à l’EP le goût de l’Okok au pays du Camfranglais. « Quand elle cook l’okok elle a l’éducation de base ». On ne peut pas faire plus camerounais. La romance camerounaise trouve là une nouvelle écriture. Toute fraîche. Qui se traduit aussi sur la pochette où Cysoul incarne le jeune urbain casual chic, ancré dans sa culture dont les motifs embellissent son costume plein d’optimisme, près d’un vélo minimaliste qu’il compte emprunter pour un avenir différent. A la lecture des mentions sur le mur derrière lui, on devine que cette belle image n’est que la face cachée d’une vie faite de revers, de trahison, mais aussi de sacrifice pour les valeurs de famille, une vie d’amour, de talent, et surtout d’ illusions.
A la lecture de cette article écrit de manière à faire sourire les fans de l’artiste, je vais me presser d’aller passer en écoute continue le Disc Illusions.
Merci Le BonAs
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