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« LE SUCCÈS DE KENDRICK LAMAR AUX GRAMMY AWARDS 2025 EST UNE FABRICATION D’ UNE INDUSTRIE INJUSTE ENVERS DRAKE » 

Herbert Aubin Sigha, chroniqueur rap US, partage une analyse pertinente sur les 67èmes Grammy Awards.

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La 67ᵉ cérémonie des Grammy Awards s’est tenue le 02 février à Los Angeles, et on a assisté à un moment historique : Kendrick Lamar a raflé cinq trophées, consolidant encore un peu plus son statut de légende vivante. Mais au-delà des célébrations, Herbert Aubin Sigha, spécialiste du marketing, chroniqueur analysant depuis des années l’industrie de la musique, estime qu’il y a « un malaise que je ne peux ignorer ». Il partage dans cette chronique ses « deux principaux enseignements de cette soirée : la domination de Kendrick Lamar et l’injustice flagrante envers Drake ». Herbert analyse.

L’Ascension de Kendrick Lamar : Un Succès Fabriqué ou Mérité ?

D’abord, mettons les choses au clair : je suis un immense fan de Kendrick Lamar. Je le considère comme l’un des plus grands rappeurs de tous les temps, un lyriciste hors pair et un artiste qui repousse constamment les limites du hip-hop. Par contre, je ne suis pas un fan de Drake – ça, je préfère l’annoncer d’entrée de jeu. Mais malgré mes préférences personnelles, il faut être honnête sur un point : l’industrie du rap est incroyablement ingrate envers Drake.

J’ai découvert Kendrick Lamar à l’époque de sa mixtape Section.80 – en 2011. À ce moment-là, on le présentait comme la nouvelle étoile montante du rap west coast, adoubée par Dr. Dre, dans la lignée d’Eminem et de 50 Cent. Mais ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que contrairement à ses prédécesseurs, Kendrick Lamar n’était pas un artiste signé directement chez Aftermath. Il était déjà solidement installé avec son équipe de Top Dawg Entertainment (TDE), et le deal avec Aftermath et Interscope était une joint-venture.

L’année suivante, après la sortie de Section.80, Kendrick commence à exploser. Mais un détail m’a toujours frappé : comment un rappeur indépendant, sans réel hit radio, pouvait remplir des arènes de 50 000 personnes en tournée ? Ce n’est qu’avec le recul que j’ai compris que Kendrick Lamar faisait en réalité les premières parties de la tournée Club Paradise de Drake en 2013. En gros, c’est Drake qui l’a mis sur la route, lui donnant une visibilité énorme.

Et ce n’était pas tout. Drake lui a également offert une interlude sur Take Care, un album qui est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands classiques du rap moderne. À cette époque, Kendrick n’avait même pas encore sorti d’album studio. Pourtant, grâce à cette exposition, il a bénéficié d’un engouement médiatique exceptionnel.

Pourquoi je rappelle tout ça ? Parce qu’après tous ces gestes, Kendrick Lamar a fini par attaquer Drake sur le célèbre morceau Control en 2013, un titre qui a marqué l’histoire du rap. C’était un moment iconique pour le hip-hop, mais aussi une trahison si on regarde d’où il vient.

L’Industrie Musicale et la Construction des Icônes.

Kendrick Lamar rafle cinq trophées lors des Grammy Awards 2025

Ce que les gens ne réalisent pas toujours, c’est que la musique qui domine le marché n’est jamais un pur hasard. Si vous entendez un artiste partout, si ses morceaux apparaissent en tête des playlists Spotify, Apple Music ou YouTube, ce n’est pas juste parce que sa musique est bonne. Il y a tout un mécanisme industriel derrière cela.

Prenons un exemple simple : Travis Scott. Ce n’est pas comme si Travis venait souvent en Afrique ou qu’il faisait une promo massive ici. Pourtant, sa musique est omniprésente. Pourquoi ? Parce qu’elle est poussée par les plateformes, les labels et les médias.

Drake a dominé l’industrie musicale pendant plus de 15 ans, non seulement grâce à son talent, mais aussi parce qu’un puissant conglomérat – composé des maisons de disques, des plateformes de streaming, des réseaux sociaux et des grands promoteurs de tournées, avait décidé qu’il serait le visage de la musique américaine à l’international. Ce type d’exposition ne s’obtient pas naturellement. Et c’est là que l’histoire prend un tournant.

L’Ingratitude de l’Industrie envers Drake.

Pendant plus d’une décennie, Drake a été la machine à cash de l’industrie musicale. Il a dominé les charts, battu des records de streaming, influencé une génération entière d’artistes. Mais dès qu’il a commencé à réclamer plus de royalties et à questionner la répartition des revenus du streaming, l’industrie a décidé de lui rappeler qui détenait réellement le pouvoir.C’est à ce moment que le beef entre lui et Kendrick a pris une autre dimension.

Drake et J. Cole lors du beef du Big Three

En 2023, Drake sort l’album For All The Dogs. Et sur le morceau First Person Shooter où il est invité, J. Cole évoque « le Big 3 » du hip-hop : lui-même, Drake et Kendrick Lamar. Quelques mois plus tard, Kendrick, qui jusque-là était resté relativement silencieux, répond de manière cinglante sur un morceau de Future et Metro Boomin en lâchant : « Il n’y a pas de Big 3, il n’y a qu’un Big Me.« 

À ce moment précis, j’ai compris que tout ça n’était pas qu’une simple rivalité entre artistes, mais quelque chose d’orchestré par des forces supérieures. J. Cole, pensant que c’était un clash classique, a répondu à Kendrick dans une chanson sur son album suivant (Might Delete Later). Mais quelques jours après sa sortie, la chanson a mystérieusement été retirée des plateformes. On a appris par la suite que ScHoolboy Q, un membre de TDE, avait croisé J. Cole après un concert pour lui dire : « Frérot, ne rentre pas là-dedans, ce n’est pas ton combat. Cette guerre, c’est contre Drake, pas contre toi. » Autrement dit, tout était prémédité.

Not Like Us et le Pouvoir Caché de l’Industrie

Lorsque Kendrick Lamar a sorti Not Like Us, tout a basculé. Le morceau est devenu un phénomène planétaire en l’espace de quelques heures. Il a généré des chiffres de streaming hallucinants : 10 milliards d’écoutes en un temps record. Mais soyons sérieux une seconde : il n’y a même pas 10 milliards d’habitants sur Terre !

Cette chanson, qui attaque frontalement Drake en l’accusant des pires choses, a bénéficié d’un soutien massif et inexplicable de toutes les plateformes. En parallèle, les algorithmes des réseaux sociaux ont tout fait pour amplifier sa portée. Le but était clair : détruire l’image de Drake, le transformer en paria du hip-hop. Et pour enfoncer le clou, les Grammy Awards, qui se veulent impartiaux et objectifs, ont attribué cinq récompenses à Kendrick Lamar, consacrant définitivement son triomphe.

Mais posons-nous la question : comment un morceau basé sur des accusations aussi graves peut-il être célébré à ce point, au point que toute une salle de l’industrie musicale chante en chœur ses paroles ? Il n’y a rien de naturel dans le succès de Not Like Us. Il n’y a rien de naturel dans ces Grammy Awards Ce n’est pas juste une victoire de Kendrick Lamar. C’est une démonstration de force de l’industrie, un message clair envoyé à tous les artistes : « On t’a fait, on peut te détruire. »

Kendrick Lamar ne pourra pas incarner le visage du hip-hop bien longtemps, car son style, majoritairement orienté vers un public masculin, risque de lasser une partie de l’audience, notamment les femmes. Il n’est qu’une pièce intermédiaire dans une stratégie plus vaste, un artiste utilisé comme levier pour évincer Drake. Mais l’industrie ne tardera pas à lui trouver un remplaçant, probablement dès 2025, car sur le plan musical, Kendrick, aussi talentueux soit-il en rap pur, ne peut pas rivaliser avec la polyvalence et l’impact global de Drake. Ce dernier maîtrise un éventail bien plus large de styles et touche un public beaucoup plus diversifié.

Ne parlons même pas du show du SuperBowl dans quelques jours, l’attribution du show à Kendrick sur une chanson basée sur la haine de l’autre c’est une première.

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BURKINA FASO : LES VISAS D’ENTRÉE DÉSORMAIS GRATUITS POUR TOUS LES RESSORTISSANTS AFRICAINS

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Le Burkina Faso vient de franchir une étape historique dans son ouverture au continent africain. Les autorités burkinabè ont annoncé la gratuité totale des visas d’entrée pour l’ensemble des ressortissants africains. Cette décision, qui s’inscrit dans une logique d’intégration régionale et panafricaine, marque un tournant majeur dans la politique migratoire du pays, tel que l’énonce le rapport du récent conseil de ministres communiqué par le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, porte-parole du gouvernement, Pingdwendé Gilbert Ouedraogo.

Une volonté d’intégration panafricaine affirmée

En supprimant les frais de visa, le Burkina Faso entend faciliter la mobilité des citoyens africains, encourager les échanges culturels, commerciaux et universitaires, et renforcer les liens de fraternité entre les peuples. Les autorités précisent que cette mesure vise à faire tomber les barrières administratives qui freinaient jusqu’ici la libre circulation des personnes.

Au-delà de ses retombées économiques, cette mesure envoie un signal politique fort. Elle place le Burkina Faso dans la lignée des pays qui militent pour une Afrique sans frontières intérieures, où la solidarité et la coopération prévalent sur les divisions héritées de la colonisation. D’après le ministre de la sécurité, Mahamadou Sana, cette réforme reflète clairement la vision panafricaniste du chef de l’Etat Ibrahim Traoré.

Un impact attendu sur l’économie et le tourisme

La décision devrait également stimuler l’économie nationale. En ouvrant grand ses portes aux Africains, le Burkina Faso espère attirer davantage de voyageurs d’affaires, de touristes et d’investisseurs. Les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et du transport devraient profiter de cette dynamique.

Les services de l’immigration burkinabè précisent que la gratuité est effective dès à présent. Les ressortissants africains doivent toujours présenter un passeport valide et respecter les formalités d’usage, mais ils ne paieront plus aucun frais pour l’obtention du visa d’entrée.

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LADY B VA PARTICIPER A THE VOICE FRANCE 2026

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Lady B, sans doute la rappeuse la plus influente de l’histoire du rap camerounais, est en lice pour la saison 2026 de The Voice France. Le grand public camerounais l’avait découverte à travers un autre télécrochet qu’elle avait remporté, Coca-Cola Dream, en 2005. Elle sortait du lot au milieu d’autres voix comme le groupe C-MINAIRE, JOE PATENZO, WILFRIED MEYOU, SINE. C’était une époque hein ! On voyait sa tête sur des bouteilles de la célèbre marque américaine de soda ! Le branding alors ! Lady B a ensuite mené une carrière dans le hip hop au Cameroun, avant de s’exiler en France en 2019, dans la ville de Laon en Picardie.

Quand elle rappe, c’est Lady B. Quand elle chante, c’est Lady Bantu. Son CV artistique est pluriel en effet. Au delà du rap, elle a grandement baigné dans d’autres influences. Elle a joué sur les scènes du festival Jazz Sous Les Manguiers à Yaoundé dans les années 90, et côtoyé des artistes aux univers différents, comme Sissy Dipoko ou le groupe Golden Sounds (Zangalewa). Avant de participer au Coca-Cola Dream, son flow de rappeuse explose au cours du festival Guinness Michael Power dont la tournée lui donne de la lumière. Plus tard avec ses albums Ma Colère, Fille Béti et Another Part Of Me, l’artiste qui surfe sur le rap, le chant, le slam, avait signé l’identité d’une âme engagée, notamment sur les causes féministes, mais aussi globalement pour dénoncer la précarité ambiante dans son pays. Ces messages vont résonner sur les scènes du Cameroun et de la région sur différents concerts et festivals, comme le Gabao Hip Hop (2006) qui était la grand-messe de cette culture en Afrique Centrale. Elle prolonge son discours dans le projet « Au Pays des Femmes Sages » en deux volumes, opus dans lesquels elle déroule sa créativité à travers diverses sonorités du Cameroun et les featurings de Jovi et Sadrak. Son parcours passe aussi par des collaborations, notamment au sein du collectif HHD (Hip Hop Développé) avec Danielle Eog, Adango, Teety Tezano. La dernière fois qu’elle avait sorti un projet, c’était en 2017 : le single « C’est La Faute A Pa’a Biya ? »

Lady B veut aujourd’hui « sortir de sa zone de confort« . Déployer sa voix sur des vibes plus larges. C’est pourquoi elle a voulu participer à The Voice, célèbre télécrochet par lequel sont déjà passés nombre d’artistes remarquables dans le monde entier. Elle prépare aussi la sortie de son nouvel album « Bantu Futuru », qui mêle rap, chants traditionnels africains et échanges culturels entre l’Afrique et l’Europe.

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CONCERT DE CYSOUL A DOUALA : DE LA NICHE AU MAINSTREAM, UN PARCOURS AUTHENTIQUE

Le chanteur a réuni des milliers de fans à Douala pour son premier grand concert open air.

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Le samedi 28 juin 2025 à Douala, le concert de Cysoul, premier grand concert de l’artiste en plein air, a tenu ses promesses. Après le coup d’éclat de Yaoundé au palais des congrès devant 2500 personnes, l’artiste a offert avec son live band et ses amazones de danseuses, un show de plus de deux heures devant un public plus large, plus de 4000 personnes, sur l’esplanade du Canal Olympia Douala Bessengue. Égrenant tour à tour ses titres enivrants, des plus notoires aux plus touchants, Cyrille Fouda a montré qu’en restant authentique on peut quand même toucher un grand public.

Ne jamais simplifier les petits débuts

Sur les réseaux sociaux, Cysoul compte à peine un million d’abonnés sur Facebook, Instagram, TikTok, X et YouTube. Mais il semble avoir réussi à construire en 6 ans une communauté qui a évolué avec le temps, passant d’une petite niche à une tribu plus grande aujourd’hui. En regardant son public reprendre en chœur chacun de ses morceaux, même ceux qui ne sont pas tendance sur TikTok, j’ai repensé à ses débuts, à ce jeune garçon que l’audacieux producteur Taphis était venu présenter aux médias en 2019. Ce jeune qui dès le départ, malgré l’appétit des jeunes artistes de sa génération à suivre toutes les influences musicales du moment, se distinguait tout de suite par un adn musical plus authentique, moins uniformisé, un design sonore plus « mature ». Comme s’il s’adressait directement à la musique, il déclarait à une dulcinée un amour inconditionnel, pour l’ « Eternité ». Etait-ce à Emma ou plus tard Charlène ou Lili? 

La récompense de l’authenticité

Ce qui est sûr c’est qu’après son « Eclosion » à la victoire du prix Goethe Découvertes en 2019, il n’a plus jamais été le même. Il a nourri son public comme on gave un être qu’on aime. Il s’est offert avec générosité dans six projets : trois EPs et trois albums, dont chaque titre est connu de ses fans. Dont chaque note rappelle une riche culture musicale, bâtie en s’inspirant des pionniers du patrimoine musical camerounais, dont il capte les bons ingrédients, pour y ajouter les sonorités qui l’entourent aujourd’hui. Il fait la musique de son temps tout en surfant sur ce qui fait la valeur des anciens. Il fait du RnB s’il veut, mais en déroulant le tapis rouge à Donny Elwood, Eboa Lottin, Nkodo Sitony, Zanzibar, Ben Decca et bien d’autres. C’est ce mélange authentique, jamais trahi, qu’il offre à chaque concert, et qu’il a servi à son public de Douala le 28 juin.

Dans le coeur de tout le pays

Après avoir fait des concerts en France, au Canada, Yaoundé, à Douala, Cysoul est maintenant installé dans le coeur des camerounais à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, et de ses 70 000 auditeurs mensuels sur Spotify, comme l’artiste et la star qu’il pense être. Un artiste à voix, qui touche, avec une musiquequi certes peut faire danser, mais qui brille d’abord comme musique d’écoute. Sa percée internationale est le next step de son ascension, afin qu’il écume des scènes de top level auprès d’autres marchés sur le continent, auprès d’autres communautés. Par sa démarche, encadrée par son manager et D.A. de ces concerts, Esther Naah, Cysoul amène aussi une façon de faire les concerts à laquelle les camerounais sont peu habitués : une soirée dont l’artiste annoncé est la seule tête d’affiche. Hen’s dont la prestation a été annoncée la veille du concert a fait également belle prestation, avec deux apparitions, une pour son set seul où il a marqué le public, et une autre dans le set de Cysoul pour la performance du titre featuring « Ebol’am » notamment. Le groupe en pleine croissance Beri Boys Club a également bien « fonctionné » avec une bonne partie de leur répertoire, tout comme le magique DJ Choco et le MC Lionel Mekontso, qui connassent les meilleures boucles pour entêter les foules.

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