Ceux qui ont un peu suivi l’actualité du Rock électro, de l’Electronic Dance Music (EDM) ou de la Deep House durant la dernière décennie savent que le groupe Britannique Disclosure, est un maillon important de la filière. Leurs fans étaient restés sevrés de leurs productions depuis 2016, et là les frères Guy et Howard Lawrence semblent de retour. Après les featurings publiés début février avec la sensation RnB & Soul Khalid, ils reviennent avec 3 nouveaux morceaux sortis le 25 Février 2020 qui font la part belle à la folie des années disco : Ecstasy, Express What Matters, et surtout Tondo, qui donne une vie nouvelle à un classique de l’un des artistes les plus influents de l’histoire de la musique Camerounaise, Eko Roosevelt.

 

Le titre original de l’actuel Chef de la Lobé – sur les berges de l’Océan Atlantique à Kribi dans le sud du Cameroun, c’est Tondoho Mba – qui signifie aime-moi en langue Duala. Un morceau plutôt rare de sa discographie, puisqu’il n’est disponible que sur un projet d’Afrovision le label de Manu Dibango : la compile Fleurs musicales du Cameroun sortie en 1980, sur laquelle on retrouve aussi d’autres artistes en vogue à la fin des années 70 au Cameroun comme André Marie Tala, Eboa Lottin, Dina Bell, Anne Marie Nzie, Jean Bikoko Aladin, Ngalle Jojo, Misse Ngoh François, Toto Guillaumme, Pierre Didi Tchakounté, Bébé Manga, Marthe Zambo, Tchana Pierre, Francis Bebey, entre autres.

 

Comme la plupart des productions de l’époque, le morceau est très disco funk, sur une base Makossa. Il a sûrement fait bouger plus d’un sur les dance floors européens ou américains, puisqu’ il avait déjà été repris en 2019 par le producteur Guts – qui a souvent collaboré avec Common, Patrice, De La Soul, Rahzel le Beat Boxer des Roots. Le DJ français avait donné un groove encore plus funk au titre sur son album Philantropiques, et ne tarit pas d’éloges pour Eko Roosevelt : Si les choses s’étaient passées comme je les avais rêvées, Eko aurait été un des guests de mon album. La distance et quelques autres freins ont empêché la collaboration, mais pas grave ! Je reste un fan absolu de celui qui, pour moi, a tout compris à la manière dont doivent sonner la soul, le funk ou le disco. J’ai toute sa discographie : albums, maxis, 45tours, il ne me manque rien.

 

Dans son premier album H.I.V., le rappeur camerounais Jovi avait lui aussi rendu un bel hommage à l’homme bien de Kribi, sur le titre Bush Faller qui reprend avec l’énergie du Hip Hop la musique et le refrain de Attends-Moi, autre immortel masterpiece de l’homme en blanc – on l’appelle ainsi depuis quelques années, en raison de ses cheveux et sa barbe devenus tout blancs, et de son habitude à s’habiller en blanc.

 

Le groupe Disclosure pour sa part, en conservant toutes les valeurs basiques de la chanson Tondoho Mba, a rajouté au chef d’œuvre, une ligne électro house délirante. Une vibe plus plus catchy, encore plus frénétique, qui permet aussi au duo britannique de faire comme tout le monde actuellement : surfer sur la vague afro. Le titre Tondo de Disclosure est disponible sur You Tube et toutes les autres plateformes légales de streaming.

 

Cette volonté de recherche démontre une fois de plus que le riche patrimoine musical du Cameroun est un trésor qui n’arrête pas d’inspirer le monde entier. Inutile de revenir sur les cas de James Brown, Michael Jackson, Missy Eliott, Shakira pour ne citer qu’eux, qui ont butiné en leur temps dans les fleurs mélodieuses d’André Marie Tala, Manu Dibango, Tim & Foty, et des militaires Golden Sounds (Zangalewa). Peut-être cela devrait inspirer davantage l’actuelle génération de jeunes artistes, dont certains en quête d’identité cherchent la vibe qui tue au bout du monde, alors qu’elle est cachée juste près de leurs oreilles, dans un classique de Manu Dibango ou d’André Marie Tala…

 

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