Depuis que le COVID19 – la maladie à corona virus – est devenu une pandémie à l’échelle mondiale, la planète est à l’arrêt. Plus de 70 000 morts déjà. Parmi lesquels des géants, comme Manu Dibango, Pape Diouf… Avec des flambées impressionnantes en Chine, en Italie, en Espagne, aux Etats Unis … Les médecins et soignants courent contre la montre et la mort, pour sauver les patients, s’exposant eux-mêmes au passage. Au vue de la dangerosité du virus qui se propage facilement, les chercheurs dans la science médicale travaillent également h24 pour trouver un remède, ou au moins un vaccin fiable. Chez les ingénieurs et startuppers de différents domaines, les idées de solutions applicables ou déjà fonctionnels, foisonnent. Tout le monde essaie de trouver une arme dans cette guerre mondiale contre le virus meurtrier. L’Organisation Internationale de la Francophonie a initié une plateforme de solidarité, dont le but est de connecter les jeunes porteurs de projets qui innovent au bénéfice de la lutte contre le COVID19 sous quelque forme que ce soit. Nous-nous sommes intéressés à quelques initiatives venant du Cameroun.

Save est une application de géolocalisation pour la sécurité de la famille et des proches. Développée par Samuel Thierry Njock, elle permet de trouver facilement où ils sont et d’aller vers eux lorsqu’ils déclenchent des alertes pour des situations périlleuses. Save fournit également des données en temps réel notamment les hôpitaux et pharmacies de proximité, mais aussi les données sur l’évolution de la pandémie.

Open Data Corona Virus est une plateforme regroupant toutes les informations en temps réel selon la localisation du pays sur le COVID19. Développée par Jessica Kamdem Nono, une jeune ingénieure basée en Allemagne, elle donne également des statistiques d’après les chiffres officiels. On peut y voir par exemple qu’au 6 Avril 2020, le Cameroun compte 658 cas confirmés de Corona Virus, sur lesquels 624 présentent des symptômes, 9 décès et 17 guéris.

Oui Care. En plus de ses modules habituels et de la rubrique d’information élaborée pour renseigner la population sur la pandémie, Oui Care développée par Emmanuel Assom Neyeng travaille actuellement sur un module qui permettrait aux utilisateurs de se faire consulter en ligne par les médecins connectés à la plateforme. Ils jugeraient ainsi si le consulté doit ou pas se rendre à l’Hôpital. Ce qui aiderait considérablement à désengorger les centres hospitaliers. Oui Care permet également de connecter les hôpitaux et les médecins pour le partage d’informations.

Hors du Cameroun, toujours à travers le réseau de la Francophonie, on découvre sur le continent et même ailleurs, d’autres initiatives qui méritent d’être prises en exemple.

Au tout début de l’épidémie en France, l’Association Française de Normalisation (AFNOR) a développé en urgence avec l’aide de 150 experts, un référentiel de fabrication domestique ou artisanale de masques barrières, que tout le monde peut consulter pour fabriquer son masque. Surtout que contrairement aux prescriptions initiales des autorités qui faisaient savoir que les masques ne sont utiles que pour les malades actifs et les personnels soignants, il est aujourd’hui certain qu’il vaut mieux porter son masque lorsqu’on sort de chez soi.

Cuisiner pour les médecins réanimateurs des patients du COVID19. C’est l’ambition d’un groupe de stars de l’art culinaire au Maroc. Ces chefs cuisiniers réunis en collectif, ayant une certaine notoriété sur les réseaux sociaux, préparent des plats pour le staff médical de l’hôpital de leur ville. Ceci en lançant des appels à toutes les personnes ou entités qui peuvent contribuer pour faire réussir cette action concrète au bénéfice de ceux qui sont les super héros, les super as de cette guerre partout dans le monde, les blouses blanches.

Au-delà des initiatives partagées sur la plate-forme de solidarité de la Francophonie, nous avons repéré d’autres projets louables.

A l’ENSAI, l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-industrielles de l’université de Ngaoundéré, les étudiants ont fabriqué un dispositif pour le lavage des mains, qui dispense le savon et de l’eau sans que l’utilisateur n’ait à toucher les robinets avec ses mains. L’appareillage constitué principalement d’un grand fut posé sur un support, est doté de manivelles qu’on active du pied. Cela contribue ainsi à limiter le risque de propagation du virus. Rien de numérique, pas de capteur, pas d’intelligence artificielle, tout est mécanique, mais c’est très pratique.

L’Institut Universitaire de Technologies de l’Université de Douala , en collaboration avec la Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques de la même université, fabrique des gels hydroalcooliques pour se désinfecter les mains. Depuis l’entrée en vigueur des mesures restrictives prises par le gouvernement pour endiguer la progression de la maladie, leur laboratoire produit par jour plus de 400 flacons de 30, 60, 100, 250, 500ML. Les commandes viennent de l’Université elle-même, des pharmacies, des municipalités …

A Yaoundé, à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP), la plus grande pépinière d’ ingénieurs du pays, le Professeur Edwin Mbinkar coordonne une équipe qui fabrique des masques barrières, nécessaires pour la protection du personnel médical. Les Face Shields sont un équipement personnel, que le médecin portera au visage pour se protéger des particules infectieuses. Leur production se fait sur commande, et au 6 Avril 2020, ils avaient reçu un premier bon pour 250 pièces. Ces masques professionnels en plastique sont produits grâce à la technologie du Centre High-Tech d’impression 3D de l’ENSP, une infrastructure mise en service en 2019 grâce à la coopération avec l’Etat d’Israel. L’équipe envisage aussi dans un avenir proche de confectionner des masques classiques pour le public, qui pourront être utilisés à plusieurs reprises.

Interpelé par la société civile et les députés sur l’importance de monter d’un cran face à la croissance de l’épidémie au Cameroun et de pratiquer le confinement total de la population pendant une période définie, le gouvernement qui recommande néanmoins aux gens de “rester à la maison”, a répondu qu’il était complexe pour l’instant d’imaginer une telle mesure, dans un pays dont l’économie est dominée par l’informel, et où la majorité de la population vit au jour le jour. En gros le risque d’être touché par la famine, est aussi grave que celui d’être atteint de Corona Virus.

 Du coup en plus des 13 mesures initiales, le gouvernement dont le Ministre de la Santé le Dr Manaouda Malachié réussit de manière remarquable le défi de la communication de la crise, a décidé de passer à la phase des tests massifs de la population dans les villes présentant le plus des risques. Un moyen de détecter les cas et de les prendre en charge avant qu’ils n’arrivent au stade critique, dans un pays où les formations sanitaires, en plus d’être insuffisantes, sont pauvres en plateaux techniques et en ressources humaines. Masques, respirateurs, lits, personnels formés à la réanimation… Pour financer la riposte, le gouvernement a ouvert un fonds d’urgence avec un placement initial d’1 milliard de FCFA, ensuite renforcé par des dons, venant d’entreprises, mais aussi des individus. Notamment du milliardaire et sénateur Sylvestre Ngouchinghe qui a contribué à hauteur de 250 millions de FCFA, mais aussi de l’Homme le plus riche d’Afrique Francophone, El Hadj Baba Danpullo, qui a posé 100 millions sur la table.

 Autre initiative pour trouver de l’argent, Cameroon Survival. Une plate-forme solidaire de collecte fonds en ligne, dont la finalité est de financer la survie des camerounais en ces temps de crise. En gros, outre le partage des consignes à suivre pour empêcher au virus de se répandre, la plateforme initiée par l’homme politique Maurice Kamto veut lever 1 million d’euros afin d’apporter une aide multiforme dans la riposte contre le COVID19. En moins de 72h, plus de 250 000 euros avaient déjà été collectés.